Poids Plume

« Quand j’étais petiote, je parlais le dialecte du Black Country et je parlais pas beaucoup non plus…On me disait que j’avais mauvais caractère et que j’étais toujours renfrognée, que je me traînais d’un pas lourd, penchée en avant comme un gros cheval de trait hâlant une péniche de charbon… ».

Une franche entrée en matière pour ce récit jubilatoire signé Mick Kitson. Inspiré par l’histoire de son arrière-grand-mère, l’auteur nous livre un roman historique et lumineux, à la Dickens. Un récit dans lequel les femmes ne font pas que se défendre, elles se battent.

C’est l’histoire d’Annie, une petite gitane de 7 ans, vendue par sa famille contre quelques piécettes. Adoptée par un champion de boxe, un géant au grand cœur, aussi alcoolisé que tendre, elle va trouver une nouvelle famille. Nous sommes en Angleterre, à la fin du XIXe siècle. Ce sont les débuts de l’industrialisation et de ses grandes entreprises polluantes, des syndicats, des grèves, les prémices de la scolarisation et les balbutiements du féminisme.

Dans cette région étouffée par la suie, qui sent la bière et la boue sèche, la fillette va grandir et apprendre à se battre. Pour lutter contre les fléaux de la pauvreté, de l’illettrisme et de l’alcoolisme, Annie va mener de front l’art de la boxe et les rudiments de l’instruction. Sauvage et attachante, elle apprend à maitriser la subtilité de l’esquive, la souplesse du corps et de l’esprit, avec la rapidité d’un poids plume. Parfois elle vacille, elle tombe mais c’est pour se relever plus forte et plus déterminée que jamais. Prête à relever le défi d’une vie meilleure.

Mick Kitson nous en met plein les yeux. Il fascine une nouvelle fois par ses talents de conteur et son écriture ébouriffante. Avec Poids plume, Il nous offre une belle mais rude leçon de vie venue d’un temps où les femmes n’avaient que peu de considération.

Coup de cœur d’Annick