La valse des tulipes

Ibon Martín

5

Coup d’essai et coup de maître de l’auteur. Je le conseille sans l’ombre d’une hésitation.


Natalia Etxano, influente journaliste de Radio Guernika, pourfendeuse de la mafia importatrice de drogue et des insuffisances de la police, meurt d’une façon particulièrement atroce. Scotchée sur une chaise et déposée sur les rails, elle est percutée par le train que conduit son époux, Santi. Collée à elle : une tulipe rouge.
Qui l’a ficelée là ? Pourquoi ? C’est ce à quoi devra répondre la sous-officière Ane Cestero, qui vient d’être propulsée à la tête d’un tout nouveau service de la police autonome du Pays Basque : l’USHN (Unité Spéciale d’Homicide Notoire). Cette brigade est chargée de traiter les dossiers délicats, les crimes impliquant des personnalités, des enfants, des politiques… Bref, tout ce qui fait frétiller les médias et pose problème à la hiérarchie policière. D’autres meurtres suivront, tous accompagnés de la fameuse tulipe d’une variété rare, toutes des femmes aux alentours de la cinquantaine…

Ane et ses collègues vont être confrontés à des religieuses menteuses, revêches et magouilleuses qui s’ingénieront à ne se souvenir de rien ou à égarer les enquêteurs afin de retarder les progrès de l’enquête. Ces errements vont permettre à l’auteur d’aborder d’autres thèmes, de faire monter un suspense, déjà lourd, en précipitant les flics sur des pistes inattendues, des impasses exaspérantes mettant les nerfs d’Ane (et du lecteur) à rude épreuve, la conduisant parfois à franchir les limites de ses prérogatives.

Ibon Martín livre un récit foisonnant, riche de l’intrigue, bien sûr, mais aussi des états d’âme des policiers, des anciennes amours dont les blessures resurgissent, des séquelles du franquisme qui a tant fait souffrir ce pays meurtri. Le narrateur, passant d’un personnage à l’autre livre une multiplicité de points de vue, des nuances dans les vérités également. Seul le tueur parle en son nom et décline peu à peu les raisons qui l’ont conduit à mettre en action ce qu’il nomme son « œuvre ».
Un des thrillers les plus humains que j’ai lu. Coup d’essai et coup de maître de l’auteur. Je le conseille sans l’ombre d’une hésitation.

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