La cité des nuages et des oiseaux

Anthony Doerr met son incroyable talent de conteur au service d’un roman ambitieux. Dans ce récit choral il jongle avec les époques, glisse d’un continent à l’autre, mélange les genres, n’hésite pas à passer du roman historique au thriller, de la science-fiction au récit de guerre.
Il y a Konstance qui vit avec ses parents et quelques passagers, dans un vaisseau spatial en route vers l’hypothétique Beta Oph2. Ou encore Anna, une petite brodeuse, avide de connaissances, qui demeure avec sa sœur à Constantinople, au XVe siècle, et aussi Omeir, un jeune paysan bulgare, emmené de force par les troupes du Sultan pour assiéger Constantinople. Il y a Zeno Ninis, immigré aux Etats-Unis, qui a fait la guerre de Corée en 1951 et que l’on retrouve en 2020 en compagnie de plusieurs adolescents, en répétition d’une pièce de théâtre, à la bibliothèque de Lakeport dans l’Idaho. Dans cet espace dédié aux livres va faire irruption Seymour, un jeune homme perturbé, complètement en marge de la société.
Mais quel est le lien entre ces personnages ? Un manuscrit intitulé La Cité des nuages et des oiseaux, écrit par un certain Antoine Diogène, auteur grec de l’époque romaine. Ce texte mythique va traverser les âges, être perdu puis retrouvé et perdu encore, pour influer sur la vie des différents protagonistes. Les éléments vont se superposer, les destins s'entrecroiser et tout va prendre sens. Ce roman rend hommage à la nature éternelle de la littérature, à son caractère intemporel et fédérateur. C’est une véritable odyssée humaine, intellectuelle, émotionnelle.
Une œuvre totalement inclassable, qui se lit facilement voire de manière compulsive et qui vient d’être couronnée par le Grand prix de littérature américaine 2022.

Coup de cœur d’Annick