Le plongeur
Minos Efstathiadis
5
Très bon thriller court mais dense
Le plongeur commence comme un roman de Chandler dans la grande tradition du détective privé caustique et désabusé.
Chris Papas, de père grec et de mère allemande, exerce à Hambourg et reçoit la visite d’un très vieil homme qui lui demande de surveiller une femme employée dans un cabinet d’avocats…Il pense évidemment à une histoire banale de mari trompé ou d’amant jaloux…Et il se trompe.
La filature va le conduire dans un hôtel minable où la dame reçoit la visite d’un homme, bientôt rejoint par un second. Installé dans la chambre voisine, le détective ne va rien entendre car une musique tonitruante ne va pas tarder à couvrir tous les bruits. Celle d’un groupe de métal allemand, Rammstein, que le trio passe en boucle…Le détective comprend qu’on s’est moqué de lui. Et le lendemain, les flics viennent frapper à sa porte. On a retrouvé son vieux client pendu dans la chambre qu’il surveillait.
Quelques 200 pages et beaucoup de morts violentes plus tard, l'affaire s'est singulièrement corsée et s'est déplacée en Grèce, dans le Péloponnèse plus précisément, où il va y avoir comme un malaise (euphémisme). Le Plongeur, récit très riche en rebondissements, constitue une sorte de variation moderne d'une tragédie antique, située dans un pays appauvri et à bout de souffle. Si Efstathiadis cite Eschyle à plusieurs reprises, il remonte aussi à l'occupation allemande durant la seconde guerre mondiale qui s'avère être le point nodal de l'intrigue. Mais, au-delà de son caractère de roman noir et de ses réminiscences historiques, le livre vaut aussi par la philosophie désabusée de l'auteur, peu avare de considérations sombres et définitives sur le sens de la vie et la maigre part d'humanité qui subsiste en ce bas monde. Dit ainsi, cela peut paraître sinistre mais le roman ne l'est pas, traversé qu'il est par quelques pointes d'humour. Noir, évidemment.