L’inventeur
Miguel Bonnefoy
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Et nous, c’est pour cela qu’on l’aime, Miguel Bonnefoy.
Voici le tendre et savoureux portrait d’un génie oublié. Augustin Mouchot ? Un nom que l’histoire n’a pas retenu. Un homme de l’ombre fasciné par le soleil. Et surtout, le génial inventeur de l’énergie solaire.
Né en 1825, Augustin est fils de serrurier. Anémique, souffreteux et myope, il est de constitution faible, si bien que quand il s’en va dormir, il laisse toujours près de son lit le mot suivant « Bien que j’en aie l’air, je ne suis pas mort. »
Professeur de mathématique et chercheur obstiné, il imagine en plein XIXe siècle, la première « héliopompe », une machine faite de miroirs et de verre, capable d’utiliser l’énergie solaire. Cette découverte séduit Napoléon III et recueille l’assentiment des autorités et de la presse. Elle est exhibée avec succès à l’Exposition universelle de Paris en 1878. Mais l’avènement de l’ère du charbon ruine ses projets estimés trop coûteux.
Augustin Mouchot tentera de faire revivre le feu de sa découverte sous le soleil d’Algérie, pour se rapprocher encore plus du soleil. Malheureusement lors de ce voyage, comme Icare, il se brûlera les ailes. De retour en France, trahi par un collaborateur qui lui vole son brevet et dépouillé par une logeuse sans scrupules, il finira sa vie dans la plus profonde misère.
Miguel Bonnefoy est la voix de ces destins singuliers. Son immense talent de conteur les fait revivre. De cet homme sans charisme aucun, il fera un magnifique héros de fiction. Car ses personnages, il les aime, il les chérit, il les observe avec une folle tendresse parfois teintée d’ironie. Et nous, c’est pour cela qu’on l’aime, Miguel Bonnefoy.
Coup de coeur d’Annick