Mungo
Douglas Stuart
5
Glasgow. Années 90. Un roman sombre et flamboyant entre amour et violence.
Mungo a quinze ans. C’est le plus beau des enfants Hamilton. Un garçon doux, tendre et gentil. Son frère aîné, Hamish dit Ha-Ha, vit avec sa copine de quinze ans et leur bébé. C’est un voyou de cité et chef d'un gang ultra violent, en guerre perpétuelle contre les catholiques de Glasgow. Une ville qui, à l’image de l’Irlande du Nord, est scindée en deux clans religieux. Il y a la sœur, Jodie, dix-sept ans. Une adolescente pleine de gentillesse et d’intelligence qui protège son frère Mungo et tente de pallier l’indifférence de Mo-maw, une mère immature et alcoolique de trente-quatre ans, qui n'hésite pas à laisser seuls ses deux adolescents durant des semaines, sans argent et surtout sans aucune nouvelle. Tout ce petit monde est protestant et vit dans un quartier délabré de Glasgow. Au milieu du chaos et de la violence, Mungo va se rapprocher de James, un jeune catholique livré à lui-même, qui élève des pigeons. Les deux garçons vont tomber éperdument amoureux l’un de l’autre.
Mais le temps d’un week-end, sa mère l’envoie, pour une partie de pêche, sur un Loch, en compagnie de deux inconnus, poivrots et violents, pour faire de lui un homme. Trois jours durant lesquels la vie de l’adolescent va irrémédiablement basculer.
Tout au long de cette brutale intrigue, on sent monter en puissance une inévitable tragédie. Douglas Stuart exprime sans filtre le calvaire d’un adolescent de quinze ans dont le seul et unique désire est de trouver un peu de tendresse auprès des siens et dont l’aspiration finale sera de s'éloigner à jamais de son entourage féroce.
Les héros de Douglas Stuart sont d’une humanité déconcertante. Touchants et fragiles. Mungo souffre mais aime aussi en vivant simultanément l’horreur et le bonheur.
Comme dans son premier roman Shuggie Bain (Booker Prize 2020) qui abordait le Glasgow des années 80, le texte est beau, âpre, dérangeant mais absolument époustouflant. Les mots sont justes. L’écriture est dépouillée, douce et nerveuse, sans faux semblants ni rudesse inutile.
Mungo est un livre précieux. Un cri qui continue à hanter le lecteur longtemps après avoir tourné la dernière page.
Coup de cœur d’Annick